Le 2 juillet dernier, l’ouragan Beryl ravageait le sud-est des Antilles en emportant tout sur son passage avec une force maximale. Maisons rasées, infrastructures détruites, absence d’électricité et d’eau, Beryl a particulièrement touché les îles de la Grenade et Saint-Vincent et les Grenadines, en impactant la vie de près de 80 000 habitants. Dès les premiers jours de la catastrophe, la PIRAC-Croix-Rouge française activait son dispositif de réponse aux urgences et lançait, en parallèle, un appel à dons pour apporter de l’aide aux sinistrés. Récemment sur le terrain à Carriacou, une des îles les plus impactées par l’ouragan, elle maintient son soutien auprès de la Croix-Rouge de Grenade et continue d’évaluer les besoins sur place.
Trois mois plus tard, l’aide humanitaire se poursuit
A Carriacou, la situation est toujours en état d’urgence : l’électricité peine à être rétablie, les principaux commerces ont été totalement détruits et les problèmes d’accessibilité à l’eau sont encore présents. En détruisant 95 % des bâtiments, l’ouragan a poussé des milliers de personnes à vivre sans toit, à s’installer dans des abris alternatifs ou encore à trouver refuge dans d’autres familles.
Le centre de l’île. La majorité des bâtiments et des maisons manquent encore de toits et sont recouverts par des bâches.
Face à ce terrible constat, l’aide humanitaire s’est très vite organisée : dès les premières heures de la catastrophe, les bénévoles de la Croix-Rouge de Grenade ont pu distribuer 40 kits familles (bâches pour recouvrir les maisons, kits cuisine, kits hygiène, seaux, kits outils de bricolage, etc.) déjà prépositionnés dans l’entrepôt de stockage de la PIRAC construit à Carriacou en 2020. Très rapidement, 400 autres kits familles ont été acheminés par la PIRAC, avec l’aide des Forces Armées aux Antilles, depuis son entrepôt régional situé en Martinique : 200 pour l’île de Union Island, 200 pour l’île de Carriacou.
“Malgré la puissance de l’ouragan classé catégorie 4, nous avons pu constater la résistance des deux entrepôts PIRAC basés respectivement sur l’île de Carriacou et dans l’extrême nord de Grenade, zones très fortement impactées. Les entrepôts n’ont connu que quelques dégâts mineurs mais ont parfaitement résisté aux vents violents. Grâce à cela, les distributions des kits familles prépositionnés ont pu se mettre en place dès les premiers jours qui ont suivi la catastrophe.”
Joël Cachera, coordinateur préparation et réponse aux urgences de la PIRAC
L’entrepôt PIRAC à Carriacou, En résistant à l’ouragan, il a permis la distribution urgente de biens de première nécessité aux populations impactées.
Sur le terrain, l’équipe Urgences de la PIRAC, accompagnée de la Croix-Rouge de Grenade, a pu dresser un état des lieux des besoins toujours criants. Bien que la reconstruction des bâtiments et des infrastructures ait commencé à s’organiser, certains besoins essentiels restent insatisfaits : l’accès à l’eau potable, la nourriture et la reconstruction des maisons demeurent difficiles pour une partie de la population, malgré les efforts déployés pour accélérer le processus de relèvement.
Les ruines d’un des commerces les plus fréquentés de l’île.
Une maison détruite par l’ouragan.
Chadlyn, bénévole depuis de nombreuses années pour la Croix-Rouge de Grenade et originaire de Carriacou, fait ce constat au quotidien et insiste sur l’impact sans précédent de l’ouragan pour les personnes isolées géographiquement.
Chadlyn, volontaire pour la Croix-Rouge de Grenade à Carriacou depuis plusieurs années.
La force collective et la résilience des communautés face aux épreuves
Depuis son enfance, Chadlyn a toujours ressenti un fort désir d’aider les autres. ‘C’est quelque chose qui fait partie de moi‘, confie-t-elle. Ses mots résonnent avec ceux de nombreux habitants de Carriacou et de Grenade, qui se sont rapidement mobilisés pour venir en aide à leurs amis, leurs voisins, et même à des inconnus. Leur soutien se manifeste sous diverses formes : certains s’engagent comme bénévoles pour la Croix-Rouge et participent aux distributions quasi quotidiennes sur l’île, d’autres ouvrent des micro-commerces de proximité, tandis que d’autres encore contribuent à la rénovation de maisons détruites.
C’est le cas de Kerry, 40 ans, né à Carriacou et travaillant dans le secteur du bâtiment. Bien qu’il ait lui-même perdu sa maison, il puise la force nécessaire pour aider à reconstruire celles des autres : “Je n’ai pas encore entièrement reconstruit la mienne. Il y a beaucoup à faire pour les autres”.
Kerry, posant devant la maison qu’il reconstruit actuellement à Carriacou.
Lu-Ann McGuire, (Croix-Rouge de Grenade) et Peter Hooper (IFRC), aux côtés de la propriétaire de la maison, rénovée par Kerry et son équipe.
Un mois et demi : c’est le temps estimé par Kerry pour reconstruire entièrement une seule maison. Une moyenne qui en dit beaucoup sur l’impact de Beryl et le nombre d’années qu’il faudra à Carriacou pour se relever complètement. En dépit de ce chaos, la solidarité et l’esprit de volontariat règnent sur l’île qui retrouve petit à petit un semblant de normalité. En témoigne la réouverture des écoles, aménagées à l’aide de tentes, depuis le 30 septembre dernier.
Agir dans la durée pour renforcer les capacités de préparation aux risques de catastrophes naturelles
En s’appuyant sur l’expertise terrain de la Croix-Rouge de Grenade, trois mois après la catastrophe, la PIRAC continue d’œuvrer aux côtés des bénévoles et de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Au cours des mois à venir, l‘accent sera mis sur la préparation et le renforcement des capacités de la Croix-Rouge locale, afin de mieux se préparer aux éventuelles futures catastrophes naturelles. Dans cette optique, les deux entrepôts construits par la PIRAC, situés à Carriacou et à Grenade seront renforcés et améliorés mais également réapprovisionnés en biens de première nécessité pour garantir une réponse rapide et efficace lors de situations d’urgence. D’autres actions post-urgence sont déjà envisagées pour obtenir de nouveaux financements et lancer des activités sur le terrain.
Stéphanie, bénévole à la Croix-Rouge de Grenade. Elle aspire à des jours meilleurs pour les habitants de Carriacou et ceux des îles voisines touchées par l’ouragan.
Crédits photos : Laura Crépin